Wikiphidias - L'Encyclopédie des sculpteurs français

Du XIVe au XIXe

Camille Claudel et Auguste Rodin

 

Le père de Camille Claudel demande à Alfred Boucher d’accepter sa fille dans ses cours de sculpture qui se déroulent à l’Académie de Colarossi. Obligé d’abandonner son enseignement, en raison d’un voyage en Italie, Boucher demande à Rodin de prendre la suite et de former son élève. Boucher connaît Rodin, entre autres raisons, pour avoir été l’un des défenseurs du maître, au moment de l’affaire de l’Age d’airain.

Eternel Idole. Auguste Rodin.
Eternelle Idole. Auguste Rodin.
Sacountala. Camille Claudel.
Vertumne et Pomone ou
Cacountala
. Camille Claudel.

Impressionné par le talent prometteur de Camille Claudel, Rodin lui enseigne sa vision de la sculpture et lui livre ses secrets d’artiste.

Vers 1884, il lui demande de rejoindre son équipe de praticiens pour travailler sur les Bourgeois de Calais. Elle est la seule femme au milieu d’un monde d’hommes et doit s’imposer comme une praticienne au même titre que les autres. Elle sera rapidement plus qu’une praticienne aux ordres du maître. Elle sera la collaboratrice que Rodin consulte sur tout et une inspiratrice en totale cohérence artistique. Elle sera aussi sa maîtresse.

Dans l’atelier de Rodin, Camille Claudel modèle des mains et des pieds pour des grandes compositions de Rodin. Elle réalise les moulages en plâtre et travaille le marbre pour dégrossir la taille avant l’intervention finale du maître. Rapidement, elle est admirée de tous les artistes et praticiens de l’atelier.

En 1887, Camille Claudel (habitant toujours chez ses parents) et Rodin s'éloignent de Paris et séjournent au château de l’Islette, à Azay-le-Rideau. Ces escapades seront renouvelées à plusieurs reprises, jusqu’en 1894. Sur ces séjours en Touraine, les historiens s’interrogent sur l’hypothétique naissance d’enfant(s) de Rodin.

En 1888, Rodin ouvre un nouvel atelier, La Folie Neubourg, au 68 boulevard d’Italie (une habitation où Georges Sand et Alfred de Musset ont partagé leur amour). Rodin y installe Camille Claudel et durant plusieurs années ils ont cet atelier en commun.

Les rapports des deux amants se dégradent à partir de 1892-1893 et Camille retourne dans son atelier personnel, au 113, boulevard des Italie. Cependant, elle continuera à rencontrer Rodin.

Mais au-delà de leurs amours tumultueux, les deux artistes ont partagé une passion pour leur art. Leur vie amoureuse et leur travail en commun ont renforcé leur maturité artistique.

Après l’arrivée de Camille Claudel, Rodin a exécuté des œuvres pleines de sensualité et de lyrisme : L’Eternelle Idole , La Danaïde, Les sirènes, Le Baiser.

Leurs productions artistiques et leur vie privée s’entrecroisent. L’Adieu et la Convalescence de Rodin sont les échos d’épisodes douloureux de la vie des deux amants. L’Age mur de Claudel (représentant le dieu vieillissant attiré par la mort et la jeune implorante) est le reflet de leur séparation et de leur différence d’âge.

Les œuvres se répondent souvent. Clotho de Claudel a été considéré comme une version de la Belle heaulmière. L’Eternelle Idole (Rodin, 1889) et Cacountala (Claudel, 1888) sont d’une inspiration et d’une exécution similaires. La Jeune fille à la gerbe (Claudel, 1889) et Galathée (Rodin, 1188) sont des sœurs jumelles.

Rodin a aussi pris Camille Claudel comme modèle pour Paolo et Francesca, La Danaïde, Fugit Amor. Camille Claudel a réalisé le portrait de Rodin (Salon de 1892) et Rodin celui de Camille à plusieurs reprises : Buste de Camille Claudel (1884), L'Aurore (1885), La Pensée (1886), Camille au bonnet phrygien (1889), L’Adieu (1892), La Convalescence (1892).

La technique de Camille Claudel est totalement à l’image de celle de Rodin, éloignée du classicisme dominant, mais on peut aussi affirmer que le style de Rodin s’est épanoui au contact de l’art de Camille Claudel.

Rodin est resté fidèle à sa compagne, Rose Beuret, et n’a pas accepté le mariage souhaité avec ardeur par Camille Claudel.